Wado-Ryu
Maitre
Otzuka Hinonori

Otsuka, le fondateur du Wado-Ryu Karate-do, est né à Shimodate le 1er juin 1892, dans le conté d’Ibaragi. Son père le Dr. Tokujiro Otsuka avait une clinique de médecine. Second de quatre enfants, Otsuka Sensei écoutant l’oncle de sa mère, un guerrier Samurai, ses excitantes exploits l’ incite à étudier les arts martiaux. C’est peut-être la première vision d’Otsuka Sensei qui le guidera plus tard aux principes et aux philosophies du karaté Wado.

Vers l’âge de 5 ans, Otsuka Sensei débuta son entrainement sous l’enseignement de son grand oncle Chojiro Ibashi et à l’âge de 13 ans, il débuta formellement l’enseignement du Shindo Yoshinryu Jujitsu, un art martial japonnais dont le judo moderne provient, sous Yokiyoshi Tatsusaburo (Shizaburo) Nakayama où il s’entraîne au sabre et surtout au jujitsu de l’école Yoshin-ryu. Il poursuivra cet entraînement avec assiduité durant cinq années. Dans ces temps là, la plupart des écoles consacraient leurs temps aux techniques pour saisir un adverssaire, tandis que cette école enseignait l’atemi (les frappes et techniques de coups de pieds). Son entrainement continua jusqu’en 1911, l’année où il entra à l’université de Waseda pour étudier l’administration. C’est à ce moment qu’il étudia le style d’atemi du Toshin-Kenpo, tout en continuant le Shindo Yoshinryu Jujitsu. Quand son père décéda en 1913, il a été forcé de quitter l’école et de retourner à Shimodate pour travailer dans une banque et continue le jujitsu dans un dojo de l’école Yoshin-ryu, celui de M. Kanaya, kyoshi (maître de deuxième rang du Butokukaï) qui est en même temps maître de judo et pratique une médecine traditionnelle: soins des fractures et articulations. En 1920, à vingt-huit ans, il reçoit le diplome de l’école Yoshin-ryu.

À l’âge de 29 ans, il a complété son enseignement et a été gradué au plus haut degré de l’école Shindo Yoshinryu Jujitsu et reçu le titre de Menkyo-Kaiden succédant ainsi à la position de son maître.

C’est en 1922 qu’il entend parler par son ami Ito d’un art martial: le Ryukyu-karaté-jutsu.  Ito était 5e dan de judo, élève de J. Kano.  Il lui raconte que J. Kano a invité dans son dojo, pour une démonstration, un homme venu d’Okinawa nommé Funakoshi. Otsuka, confiant dans le jugement de J. Kano, décide de rendre visite à Funakoshi.  C’est au bout de dix-sept ans de pratique intensive du jujitsu qu’il aborde le karaté en pensant y trouver des éléments complémentaires pour sa progression en jujutsu.

En juillet 1922, Otsuka Sensei débuta l’apprentissage du karaté Shotokan sous la direction de aux japonnais provenant du karaté Gichin Funakoshi Sensei, qui introduit le karaté d’Okinawa. Celui-ci lui explique avec chaleur ce qu’est le karaté.  Il lui dit qu’il connaît quinze kata et qu’il est possible, pour quelqu’un qui n’a aucune expérience du budo, d’apprendre ces kata en cinq ans, mais que pour un expert d’une discipline du budo deux ans suffisent. Il lui explique ensuite que la progression à un niveau plus élevé dépend de la qualité de l’entraînement de chacun. HironoriOtsuka, devenu élève de Gichin Funakoshi apprend les quinze kata en un an et demi, et, de son point de vue d’expert en jujitsu, juge qu’il existe dans chacun de ces kata des éléments inapplicables en combat. Plus tard, Funakoshi Sensei décida de rester aux Japon et d’enseigner le karaté au Gymnase de Meishojuku de Tokyo. En 1927, Hironori Otsuka quitta la banque de Shimodate pour s’en aller comme spécialiste médicale en traitements pour les blessures occasionner par les arts martiaux pour s’impliquer d’avantage dans le karaté. Au bout de deux ans, Hironori Otsuka reçoit son diplome de médecine traditionnelle et un an plus tard quitte la banque pour exercer la médecine, afin de pratiquer intensément le budo.

Il inaugura la première école de karaté à l’Université de Tokyo, en 1929, tout en restant l’élève de Funakoshi. Pendant cette période, il fut son meilleur élève et apprit le karaté Okinawan Tode (Okinawate) en parallèle à son apprentissage des autres styles de karaté avec Kenwa Mabuni (Shito-Ryu) et Choki Motobu (Naha-Te). Avec cet apprentissage, Otsuka souhaitait se spécialiser sur les combats et le karaté Naihanchi. Totalement contre ce principe, Funakoshi, qui pensait que le karaté était alors un art martial basée sur des techniques mortelles, fut en désaccord avec Otsuka qui souhaita enrichir un nouveau style de karaté davantage axé sur les combats. On sentit dès lors un conflit entre l’élève et le maître, l’un souhaitant s’épanouir sur la pratique des combats et l’autre restant ancré sur les techniques plus martial du karaté. Il semble évident que pour Funakoshi, avoir un élève tel que Otsuka est enrichissant, mais si leur relations ne sont pas propère, leurs efforts ne riment à rien. Aussi, pour que chacun trouve sa place, la séparation des deux maîtres est faite au moment ou Funakoshi pense que la démarche d’Otsuka devient trop différente de la sienne.

 

Pour dire, Hironori Otsuka éprouva le besoin d’effectuer des exercices de combats dès le début de sa séparation avec Funakoshi. Pour un expert en jujitsu comme Otsuka, les techniques de combat n’ont plus de secret, vu qu’elles sont travaillées à partir des kata. Il commence à prendre comme exemple d’autres sports tels que la boxe ou le kendo pour apprivoiser son style particulier. On peut dire que c’est a ce moment précis que Funakoshi et Otsuka se sépareront car d’après son maître, Otuska utilise bien trop les techniques du jujitsu pour pratiquer normalement le karaté. Il dira d’ailleurs, en parlant du travail d’Otsuka, qu’ «  il modifie l’essentiel du karaté en y apportant trop d’éléments de jujitsu ».

Lorsque, vers la fin des années 30, Otsuka, propose un voyage avec les anciens maîtres de Funakoshi, il a dans la tête de reprendre l’enseignement des anciens maîtres de ce dernier. Pourquoi ? Il pense alors que Funakoshi aurai allégé son propre apprentissage du karaté de façon à le transmettre plus facilement à ses élèves. Les kata et techniques serai donc plus simplifié qu’à l’origine.

Toujours en désaccord avec Gichin Funakoshi, Hironori Otsuka, propose de travailler en parallèle le karaté et le jujitsu. Pour cela il fusionna quelques techniques qui lui semblaient correctement s’adapter aux deux arts martiaux. La volonté d’Otsuka de faire travailler davantage les combats dans son apprentissage, entraîna plusieurs élèves, qu’il avait en commun avec Funakoshi, qui souhaitaient tester l’efficacité de leur apprentissage au niveau combat. Ces derniers abandonnèrent donc Funakoshi pour suivre Otsuka. C’est à partir de ce moment que l’école de Funakoshi se divisera. Les élèves qui auront suivi Hironori Otsuka seront les premiers de l’école du Wado-Ryu. Avec ce nouveau style de karaté, Otsuka expérimente sa formation d’atemi, apprise avec Funakoshi, pour y incorporer des notions du karaté d’Okinawa. An plus de cela il s’imprégna des techniques du Jujitsu pour parfaire son nouveau style. Ce nouveau chemin d’aspiration, Hironori Otsuka fera la rencontre de Y. Konishi, adepte de kendo. Ce dernier travail de la même façon que Otsuka et tente d’intégrer ses acquis dans le karaté. En s’accordant sur un entraînement en commun, ils devinrent amis et à son tour, Y. Konishi, créera une école de karaté prénommée l’école de karaté Ryobukai. Peu connu, cette école gardera tout de même sa qualité d’enseignement mais ne verra pas une expansion très importante.

Avec l’aide de son nouvel ami, Otsuka rencontrera K. Mabuni en 1928. Venant d’Okinawa, Mabuni est donc quelqu’un qui dispose d’une grande expérience en terme de karaté. Pour mieux travailler ce qui lui a été enseigné par Funakoshi, Otsuka lui expose ses problèmes concernant les kata qu’il a appris et ses tentatives pour trouver des formes plus satisfaisantes. Otsuka n’a pas pus faire de voyage « spirituel » à Okinawa et donc l’aide que peut lui apporter Mabuni sera d’une grande importance Il l’aidera à avancer dans ses recherches et sa reflexion sur les kata.

A l’âge de 43 ans, Otsuka ouvrit sa première école qu’il appela de plusieurs manières. En premier temps ce fut le Dai Nippon Karate Shinko, puis le nom changea pour Dai Nippon Karate-do Shinbu-Kai, ensuite elle devint l’école du Ko-Shu Wado-Ryu Karate Jutsu, puis encore Wado Karate Jutsu pour terminer enfin par Wado-Ryu.

En parallèle à son travail de médecin, il enseigne son art dans quelques clubs universitaires. Il sera le premier, en 1934, a instauré un règlement pour le combat en compétition. C’est ce qui le différenciera des autres styles de karaté car ce sera le premier à faire cela. Aujourd’hui encore ce règlement a été adapté pour les compétitions modernes. Le Butoku-kai lui attribut le titre de Renshi (maître de 3 ème rang) en 1938 et c’est à partir de là qu’il décide de cesser son activité professionnelle et de se lancer dans le karaté à temps plein. Pour commencer, il décide de prénommé son école « Wado-Ryu » après avoir écouté l’avis de ses élèves. Otsuka décide d’enregistrer cette dernière en 1940 et obtient ainsi son style à lui. Après le Shotokan, le Shito-Ryu et le Goju-Ryu, le Wado-Ryu deviendra le 4 ème style de karaté reconnu au Japon. En 1942, alors que le Japon est en pleine guerre Mondiale il reçoit le titre de kyoshi (maître de deuxième rang). En plus de cela, à la même période, Otsuka Sensei organise la « All japan Karate-do Federation » qui rassemble le karaté à travers le monde.

Avec la guerre sur le pays, le Japon verra disparaître doucement la pratique du karaté. Avec un nombre incalculable de morts sur les fronts, les jeunes qui s’enrôlent dans l’armée ne reviennent que trop rarement. On ne compte plus aucun dojo à Tokyo à la fin de la guerre. Peu après la guerre, certains étudiants ré-apparaissent et recommencent leur pratique de karaté de façon à oublier cette terrible épreuve. Comme beaucoup de pays dévastés par la guerre, la première occupation de la population est de se nourrir. Le Japon porte que trop peu d’intérêt à ce moment là aux conditions matérielles et humaines. Il faut tout reconstruire et ce n’est pas sans effort. L’art du combat que propose Otsuka est une bonne manière pour les jeunes de repousser cette haine de la guerre qui leur a fait tant perdre et qu’il décide de pratiquer durement. Une manière d’oublier…

Pour relancer le karaté au Japon, Otsuka et bien d’autres réintègrent les Universités pour proposer des cours en se référant au « ten-chi-jin, ri-do » (Le ciel – La Terre – L’homme, la voix principale) qui serai, d’après lui, l’union parfaite pour s’épanouir dans la pratique du karaté. Cela fait de son style de karaté, une discipline spirituelle. D’ailleurs, Otsuka publiera ses mémoires en mentionnant bien le fait que son art martial ne se concentre pas sur les techniques de combats, mais davantage sur une recherche de la « paix et harmonie » tout cela sans violence. Pour lui, acquérir la puissance et un corps en pleine santé ainsi qu’une intelligence supérieur devait être cultivé pour atteindre cette idéal de « Paix et d’Harmonie » dans le monde d’aujourd’hui.

Hironori Otsuka meurt en 1982 à l’âge de 90 ans.